La diplomatie est l’outil, l’art et la manière dont les États transigent les uns avec les autres. Par conséquent, les enjeux des relations et les modalités de leur exercice reflètent une certaine conception du temps et de ses spécificités. Dans le contexte des relations entre la France et ses anciennes colonies, il convient de situer la pratique diplomatique dans un cadre défini, celui du colonialisme, et dans un cadre temporel non (encore) défini ou en devenir, notamment postcolonial. Le passage du premier cadre vers le second ne peut s’opérer qu’au travers d’une diplomatie proprement dite, ou dans le cas qui nous intéresse, tant que la France en tant qu’ancienne métropole, ne reconnaît pas pleinement l’indépendance de ses anciennes colonies. Dans les faits, la France n’envisage pas les États africains francophones au sud du Sahara comme des États à part entière ou des entités souveraines, méritant d’être considérés au même titre que les autres États avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques. L’ancienne métropole semble vouloir préserver une grande partie des liens qu’elle entretenait jadis avec les territoires de son ancien empire et ce, dans un contexte de relations néo-coloniales. Elle semble y avoir réussi à maintenir ce statut à travers des mécanismes culturels, politiques, économiques et militaires qui forment désormais la toile de fond des relations post-indépendance. Par ailleurs, les dirigeants africains semblent être eux-mêmes les artisans du statut diplomatique subalterne auquel ils sont astreints.
Pour situer les relations franco-africaines dans ce contexte, il convient de se demander dans quelle mesure la France joue un rôle déterminant dans la structuration de ses relations avec l’Afrique francophone. Il convient également de se demander si la fin officielle du colonialisme a dégagé un espace juridique, politique et moral plus étendu lui permettant de déployer son propre jeu mieux qu’elle ne le pouvait auparavant dans le cadre de relations coloniales, et jusqu’à quel point cela limite le pouvoir d’action (agency) des Africains. Au demeurant, le pacte postcolonial franco-africain est bien plus subtil que ne le laissent supposer le colonialisme ou le postcolonialisme. C’est pourquoi il est nécessaire de procéder à l’examen des mécanismes et des structures de conditionnement des élites et des États africains en faveur de relations moins égalitaires. Ces mécanismes et structures laissent penser que la relation postcoloniale serait, par essence, asymétrique et profondément inéquitable, tout en maintenant les apparences d’une mise en scène soignée simulant la symétrie, un spectacle qui se réinvente constamment, renforcé par les aléas de la conjoncture. En règle générale, les mécanismes permettant de maintenir la présence hégémonique de la France en Afrique francophone ont peu évolué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Trois caractéristiques essentielles définissent l’hégémonie impériale de la France : le contrôle militaire ; un régime de tutelle indirecte permettant de jouer un rôle de médiateur au sujet de la présence de l’Afrique francophone sur la scène internationale ; et un régime économique mercantiliste.
Une politique étrangère à deux vitesses
Les relations entre la France et l’Afrique francophone obéissent à une logique délibérément empreinte d’ambition impérialiste, formulée pour la première fois par Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des Finances sous Louis XIV, au XVIIe siècle. Si le colbertisme n’est pas une pensée économique au sens plein du terme, il n’en reste pas moins une doctrine à la fois politique et économique préconisant la création de richesses et l’interventionnisme comme piliers de la puissance française. Selon la variante du mercantilisme offensif prônée par Colbert, le maintien, par la France, d’un « équilibre favorable des échanges » passe par la sécurisation des réserves de ressources situées dans les colonies. Pour Colbert, la France ne pouvait prétendre devenir une puissance mondiale sans joindre l’acte à la parole, c’est-à-dire sans prendre les mesures nécessaires pour développer des ressources scientifiques et techniques. Il s’agissait, avant tout, de créer une académie des sciences qui établirait les bases des disciplines susceptibles de produire les « savants » et les techniques de l’empire. La doctrine colbertiste fut reprise sous la Troisième République par les solidaristes qui entreprirent leur mission civilisatrice par des programmes éducatifs de grande envergure.1 Cet effort se reflète aujourd’hui dans des institutions telles que le Conseil africain et malgache d’Enseignement Supérieur (CAMES),dont les structures et les processus de rationalisation et de diffusion du savoir rappellent des tentatives menées naguère pour assimiler l’Afrique à un objet de convoitise impériale. Jules Ferry, le porte-parole de cette ère impérialiste, aurait pu être le concepteur de la conférence de Brazzaville organisée par la France en 1944 qui a effectivement érigé l’Afrique au rang de province spéciale non pas pour l’exercice d’une diplomatie classique par le ministère des Affaires étrangères, mais pour sa gestion par le ministère de la Coopération. Ce dernier fut établi dans le même bâtiment que l’ancien ministère des Colonies.
Pour des raisons liées à la guerre froide, l’attitude néocoloniale de la France a été encouragée par les États-Unis et l’OTAN ou Organisation du traité de l’Atlantique nord. Sur le plan institutionnel, cependant, la politique étrangère américaine envers l’Afrique fut reléguée au Bureau européen du Département d’État jusqu’en août 1958, date de création du Bureau Afrique. Ainsi, la France a eu deux modèles symboliques et réels de politique étrangère : l’un pour le reste du monde et l’autre pour son arrière-cour, son propre pré carré. Le ministère des Colonies est devenu le ministère de la Coopération et les structures de gouvernance coloniale ont été absorbées par un nouveau dispositif institutionnel administré par quelques-uns parmi des milliers d’anciens fonctionnaires coloniaux qui se sont retrouvés tout d’un coup au chômage à la fin du régime colonial. Le second régime, de type formel, est le ministère des Affaires étrangères, appelé familièrement Quai d’Orsay, siège de l’action diplomatique française vis-à-vis du reste du monde.2
L’Afrique, pilier stratégique de la politique étrangère de la France
La politique africaine de la France a toujours été un outil, un instrument au service de la « puissance française ». Le mouvement de « restauration de la grandeur française », qui a vu le jour à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a invoqué l’influence de la France en Afrique comme argument pour réclamer un siège permanent au Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (ONU). Les diverses propositions faites par la France en faveur de la décolonisation avaient donc pour but de préserver son influence dans le monde, qui se limitait essentiellement à ses anciennes provinces coloniales d’Afrique, des Caraïbes et de l’Océan Pacifique.
Du Plan Marshall à l’échec de l’Union franco-africaine, en passant par l’ère des indépendances nationales, la France a conçu avec l’Afrique une relation dans laquelle cette dernière constituait un marché réservé pour la production industrielle et les services, mais également une source de produits agricoles, de minéraux et de main-d’œuvre. En échange, la France apporterait son soutien à ses alliés parmi les classes dirigeantes africaines et défendrait les intérêts de l’Afrique aux Nations unies et ailleurs. Le choix était fait : La « Grandeur française » était tributaire du statut de « pré carré » de ses anciennes colonies africaines, c’est-à-dire de l’adhésion des Africains aux desseins de la France, allant du régime monétaire du franc CFA aux accords économiques (accords de Lomé et accords de partenariat économique ou APE), en passant par des accords de sécurité et de défense.
Pour la France, le pacte postcolonial repose sur un autre prédicat, géopolitique en l’occurrence, selon lequel la proximité géographique avec l’Afrique en tant que région justifie son implication dans les affaires africaines3. Cette hypothèse de la vitalité de l’Afrique pour la sécurité de la France n’est pas contestée. Pourtant, la France et l’Afrique ne sont pas mutuellement impliquées dans les affaires l’une de l’autre de manière égale. Leur implication en est arrivée à sous-entendre une hiérarchie des besoins et des valeurs dans laquelle ceux de la France sont prépondérants. Cette supériorité sous-jacente de la France et la nécessaire subordination de ses anciennes colonies ont été un point sensible depuis 1944, lorsque la France avait, pour la première fois, évoqué l’idée d’une Union franco-africaine. Elle se reflète également de nos jours dans le contenu et les orientations des accords entre la France et ses anciennes colonies. Ainsi, la centaine d’accords de « coopération » signés entre 1959 et 1963 entre la France et ses anciennes colonies portait sur la présence militaire de la France, matérialisée par des pactes et l’établissement de bases militaires, son accès aux ressources stratégiques et aux marchés africains et son leadership dans la Francophonie, sphère culturelle unifiée des pays francophones. En contrepartie, la France a joué un rôle primordial dans la stabilité politique et économique de ses anciennes colonies grâce à des ressources et mécanismes financiers tels que le franc CFA, ainsi qu’à des ressources symboliques, comprenant notamment le soutien à des réseaux d’élites africaines sympathisantes et l’élimination ou la marginalisation de figures discordantes. Pour ce faire, la France a fourni des renseignements et mis en place des institutions, notamment un conseiller spécial pour les affaires africaines auprès de tous les chefs d’État français, pour servir de relais avec les chefs d’État africains : un « Monsieur Afrique », un poste occupé pour la première fois par Jacques Foccart.
Cette relation obéit à un certain nombre d’exigences explicites et implicites. L’une de ces exigences réside dans le fait que les dirigeants africains devaient tenir la France informée de leurs démarches auprès d’autres puissances, rivales ou non. Une déclaration de l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, est révélatrice à ce propos. Lors d’un entretien, il a précisé avoir parlé à Jacques Chirac (ancien Président français) d’une demande américaine de coopération militaire et que ce dernier n’y avait pas vu d’inconvénient. Au vu des relations très personnalisées entre les élites africaines francophones et françaises, cette déclaration n’était pas particulièrement choquante.
La France s’attend également à exercer sa tutelle, à savoir le droit d’approuver ou non les décisions nationales, ostensiblement souveraines, des États africains. Par exemple, le 17 septembre 2021, le Premier ministre malien a réagi aux rumeurs selon lesquelles le Mali aurait engagé des discussions avec la Russie sur l’engagement éventuel du Groupe Wagner pour soutenir la lutte du Mali contre le terrorisme. En substance, Choguel Maïga a déclaré que le Mali n’accepterait plus d’être exclu des discussions sur l’intervention internationale (c’est-à-dire la MINUSMA, La mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) sur son sol ou de se voir dire avec quels États ou entités conclure des partenariats ou acheter des équipements (militaires), surtout par des États qui ont décidé de retirer leur soutien au Mali (en référence à l’annonce faite par la France de son intention de retirer certaines de ses forces du nord du Mali)4.
Ces attentes, et le fait que les dirigeants africains semblent s’y conformer, ont amené nombre de personnes à proposer « un transfert de pouvoir souverain » de l’Afrique vers la France, suscitant un certain nombre de questions sur la souveraineté nationale et le postcolonialisme, que certains appellent simplement la Françafrique, c’est-à-dire un espace géopolitique conjoint dans lequel les relations défient les normes de la diplomatie ordinaire entre des entités souveraines prétendument égales.
Réformer l’Empire de l’intérieur
Dire que la France est sensible aux critiques émises au sujet de ses relations avec ses anciennes colonies relève de l’euphémisme. Depuis les années 1940, autrement dit depuis les présidences de Charles de Gaulle, tous les présidents français ont manifesté le désir de « réformer » (c’est-à-dire de décoloniser) les relations franco-africaines. Cette ambition déclarée semblait vouée à l’échec, car la France reste engluée entre une compréhension de soi fondée sur des paramètres géopolitiques obsolètes et un environnement postcolonial en constante évolution dont les exigences ne respectaient plus les termes des relations « franco-africaines ». Les tensions n’émanent pas seulement de l’Afrique. Elles touchent même l’Europe. Au sein de l’Union européenne (UE), des voix s’élèvent de plus en plus pour exiger une « européanisation » des politiques étrangères des différents pays membres, afin de mieux coordonner et rationaliser l’investissement des ressources et d’en maximiser les effets.
La question d’une communauté francophone, même là où elle a encore un sens en Afrique, se situe désormais entre la configuration franco-africaine initiale d’une union de but et de moyens entre l’ancienne métropole, la France, en tant que tutrice attitrée et ses anciennes provinces fédérées, et celle d’un ordre hiérarchique anachronique. Cette configuration paraissait autrefois normale. C’est de Gaulle qui l’a le mieux énoncée à Bayeux le 16 juin 1946 : « [Chaque territoire], dans le cadre de la souveraineté française, doit recevoir son statut à lui, réglant, suivant le degré très variable de son développement, les voies et moyens très variables par lesquels les représentations des habitants, tant Français qu’indigènes, pourront délibérer localement des affaires intérieures et prendre part à leur gestion. »
De Gaulle considérait la Communauté franco-africaine comme « une mosaïque » de souverainetés se chevauchant et morcelées et une absence générale de distinction claire entre les sphères « internationale » et « intérieure »5. Il s’imaginait que les futures anciennes colonies devaient avoir un statut ambigu, qu’elles devaient disposer d’une autonomie atténuée à l’intérieur de frontières moins que souveraines, et qu’elles devaient être ouvertes à l’intervention de la France en tant qu’arbitre de leur politique intérieure. Selon ce schéma, les États africains postcoloniaux ne seraient plus des dépendances impériales. Elles ne seraient pas pour autant totalement indépendantes. Sur le plan idéologique, les États africains postcoloniaux seraient comme les protectorats qu’étaient autrefois le Maroc et la Tunisie.
Avec le temps, la « communauté » a produit un ensemble homogène et dysfonctionnel d’institutions, d’États, de sociétés, ainsi qu’une économie morale qui ne correspond pas exactement aux processus, mécanismes et valeurs associés à l’idée d’états souverains. En d’autres termes, la relation a évolué au-delà des normes nationales et internationales mais, chose étrange, elle n’était ni transnationale ni mondiale. C’est cette singularité de la relation qui rend toute tentative de réforme compliquée et embrouillée. Il existe toute une palette d’opinions, allant de la tentation de la rupture pure et simple, due à la répulsion du néocolonialisme, à l’empathie et à la sympathie pour les sociétés, les réseaux et les institutions, qui outrepassent désormais leurs objectifs néocoloniaux initiaux. Étienne Djouma l’a exprimé de manière plus succincte en reprenant à son compte une vieille expression de vanité lorsqu’il s’est demandé si les Français auraient évolué comme ils l’attendaient de leurs protégés coloniaux. En conséquence, la transformation ou l’évolution de la relation est plus aisée à concevoir en Afrique qu’elle ne l’est et ne l’a été en France.
Les élites francophones des deux côtés résistent aux revendications constantes d’une désindexation de l’Afrique par rapport aux logiques impériales des XIXe et XXe siècles. L’article 78 de la Constitution de la Ve République, qui « transfère » le pouvoir d’un colonisateur à ses anciennes colonies, est la cible la plus immédiate de ces revendications.
La bonne foi ne suffit plus !
Dès la conférence de Brazzaville de 1944, les élites françaises avaient fait appel à la bonne volonté des Africains pour faciliter la reconstruction de la France. Les Africains devaient renoncer à leurs aspirations à une indépendance immédiate et se plier à la demande de la France d’accéder aux ressources et au marché africains (notamment pendant le plan Marshall) en échange d’un engagement de la France en faveur du développement de l’Afrique. Cet engagement, également motivé par la « dette de sang » (le sang africain versé au nom de la libération de la France), fut d’abord signifié par le Fonds d’investissement pour le développement économique et social des territoires d’outremer (FIDES). La promesse d’une réforme de l’empire d’après-guerre a rapidement tourné court en raison des incidents survenus au Vietnam, à Madagascar et en Algérie, principalement. En 1949, forte d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et de son entrée dans l’OTAN nouvellement créée, la France aspirait clairement à rester une puissance mondiale dans le cadre strict de la géopolitique impériale.
C’est à ce moment-là que Gabriel d’Arboussier, Ouezzin Coulibaly et d’autres leaders de l’Afrique du Nord et du Vietnam ont cessé de croire aux prétentions d’une France animée de bonne volonté et désireuse d’entretenir des relations post-impériales correctes. La France s’est révélée incapable de transcender les relations impériales lorsqu’elle a assumé le rôle d’arbitre de la politique intérieure et d’arbitre du pouvoir en Afrique postcoloniale. L’assassinat du Camerounais Um Nyobè en 1958 fut un signal manifeste dans ce sens. La France a depuis affirmé un « droit d’intervention » dans les affaires africaines pour de multiples raisons. Dans un Livre blanc du ministère français de la Défense de 2013, par exemple, des diplomates français soutiennent que le Sahel fait partie d’une « zone d’intérêt stratégique, de l’Afrique de l’Ouest à l’océan Indien »6. Pour ces porteurs de messages, la volonté de la France d’être et de rester une grande puissance, doit impérativement s’appuyer sur un accès libre, abordable et stable aux ressources de l’Afrique. Parallèlement, la contradiction du modèle d’intervention actuel est aisément visible dans la manière dont les diplomates français s’efforcent de prôner à la fois le désengagement et l’expansion à coûts réduits.
Il est évident aujourd’hui que le caractère ambivalent de la relation entre la France et l’Afrique, faite d’interventions et de bonnes intentions, a atteint un point critique. Il suffit de constater les délations de la Françafrique et de tous ses attirails, y compris mais sans s’y limiter le franc CFA. Si la frustration est générale, les Africains eux-mêmes semblent divisés sur la réponse à apporter. Les élites africaines francophones restent profondément divisées sur la question des relations franco-africaines et du statut même de la francophonie. Les États eux-mêmes ne sont plus d’accord sur la question. Le Rwanda a rejoint le Commonwealth et fait de l’anglais sa langue officielle. Le Gabon a récemment déposé une demande d’adhésion après s’être vu refuser le soutien de la France pour construire des infrastructures qui en feraient une plaque tournante des activités sportives et de conférence dans la région d’Afrique centrale.
La fin de la guerre froide, l’avènement du phénomène dit de la « mondialisation » et des technologies numériques qui l’accompagnent, ainsi que la montée en puissance de la Chine, ont également insufflé de nouvelles dynamiques et de nouvelles urgences en matière de réforme. La France n’est plus en mesure de dicter entièrement les termes de la relation. Par ailleurs, avec les migrations et l’intensification des relations économiques et culturelles entre les entités africaines et d’autres dans le monde, les Africains perçoivent de nouvelles opportunités. Reste à savoir ce qu’ils en feront.
Perspectives
L’impératif de changement, de réorientation des relations Afrique-France a été un discours systématique pour chaque président français depuis de Gaulle. Cependant, ce discours occulte la dynamique de la structure permanente du régime néocolonial français en Afrique. La « relation spéciale » est depuis longtemps malmenée. Nous restons figés au niveau des symboles plutôt que dans une dynamique de réforme politique. Toutefois, les mouvements de la société civile à travers le continent africain réclament, depuis quelques années, une transformation radicale des relations franco-africaines. Ils réclament au minimum une politique étrangère claire et cohérente et non une relation diplomatique servant à sécuriser les investissements français en Afrique. À l’heure où la France cherche vraisemblablement à renforcer son influence sur le continent afin de rebondir après l’amère humiliation qu’elle a subie sur la scène internationale à la suite de l’accord AUKUS (accord entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni sur l’énergie nucléaire aux dépens d’une entreprise française), l’urgence de relations diplomatiques « régulières » n’est plus en doute.
Notes
- Né durant la IIIe République, le mouvement solidariste peut être compris comme un précurseur de la politique de sécurité sociale. Il réfute l’idée d’un individualisme abstrait et conçoit l’individu comme ayant des droits, mais également des obligations vis-à-vis de la société, des « dettes » à payer à celle-ci à travers une contribution solidaire pour financer l’éducation, la santé, et le système de protection sociale.
- Voir Julien MEIMON, « L’invention de l’aide française au développement. Discours, instruments et pratiques d’une dynamique hégémonique », Questions de recherche (CERI), 21 septembre 2007, p. 144., p. 15.
- Abdoulaye BATHILY « Au-delà de la crise au Sahel, enjeux et perspectives pour l’Afrique » entretien réalisé par Amy Niang, CODESRIA, Special Issue/ TheCrisis in Mali and in the Sahel Region, 5 & 6, 2020, p. 38 47.
- Nadia CHAHED, « Envoi de mercenaires russes au Mali, Choguel Maiga s’exprime en entretenant le flou », Anadolou Agency, 18 septembre 2021, [en ligne], https://www.aa.com.tr/fr/afrique/ envoi-de-mercenaires-russes-au-mali-choguel-maiga-sexprime-en-entretenant-le-flou/2368333 [Dernière consultation le 2 octobre 2021].
- Frederick COOPER, Citizenship Between Empire and Nation : Remaking France and French Africa, 1945–1960. Princeton, Princeton University Press, 2014.
- [« zone d’intérêt prioritaire de l’ouest de l’Afrique à l’océan Indien ».]
Références bibliographiques
Abdoulaye BATHILY « Au-delà de la crise au Sahel, enjeux et perspectives pour l’Afrique » entretien réalisé par Amy Niang, CODESRIA, Special Issue/The Crisis in Mali and in the Sahel Region, 5 & 6, 2020, p. 38 47.
Frederick COOPER, Citizenship Between Empire and Nation : Remaking France and French Africa, 19451960, Princeton, Princeton University Press, 2014.
Marie-Françoise DURAND, Jacques LÉVY et Denis RETAILLÉ Durand, Le Monde, espaces et systèmes, Paris, Presses de Sciences Politiques, 1992.
Charles de GAULLE, « Le discours de Bordeaux », Le Monde, 17 mai 1947.
Siba N’Zatioula GROVOGUI, Beyond Eurocentrism and Anarchy : Memories of International Order and Institutions, New York, Palgrave Macmillan, 2006.
Julien MEIMON, « L’invention de l’aide française au développement. Discours, instruments et pratiques d’une dynamique hégémonique », Questions de recherche (CERI), 21 septembre 2007, p. 144.
François MITTERRAND, Aux frontières de l’Union française, Paris, Éditions René Julliard, 1953.
Yves MONTARSOLO, « À coups de chicotte » in L’Eurafrique contrepoint de l’idée d’Europe, Le cas français de la fin de la deuxième guerre mondiale aux négociations des Traités de Rome, Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 2010.
Amy NIANG, « Rehistoricizing the sovereignty principle with reference to Africa : stature, decline, and anxieties of a foundational norm » in Zubairu WAI et Martha Iñiguez DE HEREDIA (dir.), Recentering Africa in International Relations: Beyond Lack, Peripherality, and Failure, London, Palgrave McMillan, 2018, p. 121-144.