Qu’est-ce que l’Afrique doit faire pour assurer sa souveraineté alimentaire ?

12 DECEMBRE 2022 –14H GMT

La période ouverte par la pandémie de covid-19 a remis au devant de l’actualité la question de la souveraineté alimentaire du continent Africain. En effet, les prix des produits alimentaires ont augmenté en termes réels de 26 points entre 2020 et 2021 puis, avec  les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de 16,5 points entre 2021 et 2022. Pour les 36 pays africains que la FAO classe parmi les pays à faible revenus à déficit vivrier, cette situation s’est traduite par un renchérissement de leurs importations de produits alimentaires rendu encore plus pénible par la dépréciation du taux de change de leurs monnaies face à un dollar américain qui a conforté son statut de valeur refuge. Avec des réserves de change et des marges de manœuvre budgétaire réduites, les gouvernements africains ont eu recours au Fonds monétaire international qui, en échange de son « assistance », leur prescrit invariablement de réduire ou de supprimer les subventions aux produits énergétiques et alimentaires. Dans de telles conditions, il n’est pas surprenant que certains pays au Sahel et dans la corne de l’Afrique soient en proie à une crise alimentaire tandis que dans d’autres font face à des émeutes de la faim.

Quelles réponses les pays africains devraient-ils apporter à la crise actuelle ? Quelles sont les mesures pratiques qu’il faudrait prendre en vue de la souveraineté alimentaire du continent ? En quoi la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf) pourrait-elle faciliter ou pas la souveraineté alimentaire du continent ? Quelles politiques mettre en place en matière de politique d’accès à la terre ? Y a-t-il des exemples sur le continent ou ailleurs pouvant servir de modèle en matière de politique alimentaire ? Que penser d’initiatives comme l’ARGA (Alliance pour une Révolution Verte en Afrique) ?

Ces questions seront abordées lors du webinaire du 12 décembre 2022 (14h-17h GMT) qui verra la participation de Ange David Baïmey (GRAIN), modérateur ; Ruth Nyambura (No REDD in Africa), Habib Ayeb (Observatoire Souveraineté Alimentaire et de l’Environnement), Freedom Mazwi (Sam Moyo African Institute for Agrarian Studies), Rokhaya Daba Fall (Groupe Consultatif des Instituts Internationaux de Recherche Agricoles), George Tonderai Mudimu(Collective of Agrarian Scholar- Activists from the South), Diery Gaye (Cadre National de Concertation et de Coopération des Ruraux).

Ange David Baïmey

Modérateur

Ange-David a rejoint GRAIN en 2014, après avoir travaillé plusieurs années auprès des mouvements sociaux en Côte d’Ivoire, au Sénégal et dans différents pays d’Afrique de l’Ouest, sur des questions allant de la justice climatique à la perte de biodiversité. Défenseur passionné de la justice sociale et environnementale dans les zones rurales, Ange-David travaille en étroite collaboration avec les partenaires de GRAIN dans toute l’Afrique. Il se concentre principalement sur les questions d’accaparement des terres et de climat. Ange-David a un parcours en sociologie de l’environnement et en gestion des connaissances.

Ruth Nyambura

Intervenante

Ruth Nyambura est une féministe et organisatrice kenyane dont les intérêts de recherche portent principalement sur l’économie politique/écologie agraire en Afrique, ainsi que dans d’autres régions du Sud. Elle a précédemment travaillé comme coordinatrice mondiale de la campagne Hands Off Mother Earth (HOME) – un mouvement mondial soutenu par plus de 200 organisations de base qui résistent aux technologies de géo-ingénierie ainsi qu’à d’autres fausses solutions à la crise climatique. Nyambura a également travaillé en tant que responsable du plaidoyer et des communications pour le Réseau africain de la biodiversité (ABN).

 

Nyambura a beaucoup écrit sur les différents aspects des transformations agraires actuelles en Afrique, son travail se concentrant sur les fondements idéologiques de la “nouvelle révolution verte en Afrique” et ses liens avec des organisations philanthro-capitalistes telles que la Fondation Gates et l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA). Les recherches de Ruth analysent également l’évolution rapide des politiques et des cadres législatifs sur le continent en ce qui concerne la biosécurité et les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), qui non seulement criminalisent les droits des petits exploitants/paysans à utiliser leurs semences traditionnelles/indigènes, mais ouvrent également la voie aux entreprises agroalimentaires étrangères sur le continent. Ruth fait partie du collectif No REDD in Africa (NRAN) qui remet en question les marchés du carbone liés aux forêts et documente les impacts de ces systèmes sur les communautés locales en Afrique.

 

Nyambura est la fondatrice et organisatrice du Collectif écoféministe africain. Elle est membre du conseil d’administration du Blue Planet Project (BPP) et membre du comité exécutif du Permanent People’s Water Forum.

 

Ruth est titulaire d’un Master en droit comparé, économie et finance de l’Université de Turin (UNITO), en Italie, et a été juge au Tribunal international des droits de la nature.

Intervenant

Habib Ayeb est géographe, chercheur et professeur émérite à l’Université de Paris 8 à Saint Denis, France. Spécialiste en géographie sociale, ses domaines de recherche couvrent les questions liées à la souveraineté alimentaire, l’environnement, les questions paysannes, le changement climatique, la marginalité et la pauvreté, les changements sociaux, les dynamiques et les processus de résistance. Ses terrains de recherche portent principalement sur la Tunisie et l’ensemble de l’Afrique du Nord.

Sa dernière publication majeure est le livre Habib Ayeb & Ray Bush (2019) Food Insecurity and Revolution in the Middle East and North Africa. Agrarian Questions in Egypt and Tunisia. Anthem Press, London.

Il est également un réalisateur engagé de films documentaires. Parmi ses films : Couscous : Om-Layoun (2021- sur les questions d’eau), Seeds of Dignity (2017 – sur la souveraineté alimentaire), Fellahin (2014 – sur les résistances des petits paysans), Gabes Labess (2014 – sur l’environnement) et Green Mirages (2012 – sur les modèles de développement et l’appauvrissement).

En 2017, Ayeb et d’autres camarades ont créé l’”Observatoire de la souveraineté alimentaire et de l’environnement – OSAE” (https://osae-marsad.org/qui-sommes-nous/), une organisation non gouvernementale (ONG) basée à Tunis.

Ayeb est membre de plusieurs institutions et réseaux, dont LAVUE – Lab AUS – Université Paris 8 ; le Conseil consultatif international du “Journal of Peasant Studies” ; le Réseau rural Thimar (membre fondateur) – http://athimar.org/en/about-. Il a récemment rejoint le conseil consultatif de Agrarian South. 

Freedom Mazwi

Intervenant

Freedom Mazwi est chercheur au Sam Moyo African Institute for Agrarian Studies (SMAIAS), basé à Harare. Ses recherches portent sur les transitions agraires en Afrique avec une référence spécifique à la pénétration du capital et ses implications sur la paysannerie. Il est titulaire d’un doctorat en études du développement et a été chercheur invité à l’Institut d’études avancées de Stellenbosch. Freedom est également assistant de rédaction à l’Agrarian South : Journal of Political Economy et auteur du livre “The Political Economy of Contract Farming in Zimbabwe”.

Rokhaya Daba Fall

Intervenante

Rokhaya Daba FALL est de formation de base Ingénieur Agronome, Pédologue de la Faculté Agronomiques de Gembloux en Belgique (promotion 1980). Au niveau national, elle a été le premier directeur général de l’Institut National de Pédologie (2004-2010) a donner des cours d’économie rurale à l’ENAM et d’aménagement des territoires ruraux à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Au niveau international, elle a fait partie de plusieurs conseils d’administration des Instituts de recherches du Groupe Consultatif des Instituts Internationaux de Recherche Agricoles (CGIAR) et du premier Scientific and Technical Advisory Panel (STAP) du Global Environment Facility (GEF) et a  représenté la FAO en Centrafrique de 2010 à 2014.

Elle est la Présidente du Réseau des Femmes et des Jeunes dans le Gaz, les Énergies et le Pétrole (REGEP), en anglais Gas, Energies and Oil Network (GEONET) créé en Novembre 2021 et qui se veut observatoire des Secteurs de l’Énergie en Afrique de l’Ouest.  

George Tonderai Mudimu

Intervenant

George T. Mudimu est titulaire d’une bourse post-doctorale à l’Université de Western Cape, sous la direction de la chaire sud-africaine DSI/NRF en études sur la pauvreté, la terre et l’agriculture, le professeur Ruth Hall. Il effectue des recherches sur la politique foncière, la politique rurale, les mouvements sociaux, le changement agraire et l’économie politique. Il a publié dans : Review of African Political Economy ; The Journal of Peasant Studies ; Agrarian South : Journal of Political Economy ; Geojournal ; Journal of African Contemporary Studies. George est co-rédacteur des critiques de livres pour The Journal of Peasant Studies. George est un membre actif du Collective of Agrarian Scholar- Activists from the South (CASAS). Il fait partie de l’initiative Emancipatory Rural Politics.

Diery Gaye

Intervenant

Membre du Conseil National de Coopération et de Concertation des Ruraux (CNCR), une organisation qui promeut les droits des paysans, l’agriculture biologique et la souveraineté alimentaire.